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Solstice d'hiver et mégalithes

On dit qu'en hiver les jours rétrécissent. On parle bien entendu d’ensoleillement et celui-ci devient minimal le jour du solstice d'hiver. Le 21 décembre sera donc le jour le plus court de l'année et a fortiori la nuit la plus longue.

Scientifiquement, le solstice d'hiver correspond au moment de l'année où la trajectoire du soleil, vue de la terre, atteint son maximum méridional (dans l'hémisphère nord). Autrement dit, la position de la Terre par rapport au soleil atteint son inclinaison maximale et l'ensoleillement est le plus court possible.

Le solstice d'hiver expose une scène céleste unique, captivante pour les observateurs attentifs, et transcende les cieux pour s'inscrire profondément dans le tissu culturel de l'humanité. Au-delà de son caractère astronomique, ce phénomène revêt une importance certaine au sein de diverses civilisations, imprégnant leurs rituels et cérémonies de significations profondes.

Que cela soit les druides celtes célébrant Alban Arthan, Yule pour les Wiccans puis Noël pour les chrétiens, les rituels esséniens ou encore l'importance du Soleil dans les civilisations pré-amérindiennes, chaque culture a tissé des traditions uniques autour de ce pivot saisonnier. Ces rites ne sont pas simplement des vestiges du passé, mais des liens vivants avec les forces cosmiques, ayant comme point commun la célébration de la lumière qui renaît. C'est au travers de cette perspective que naissent des constructions extraordinaires, des sites mégalithiques, dont l'alignement précis avec le solstice d'hiver témoigne d'une compréhension fine des cycles célestes et de la quête perpétuelle de l'humanité pour comprendre et célébrer l'univers.

Alignements mégalithiques et astronomie

Le lien entre les mégalithes et l'astronomie reste un mystère et va au delà de simples édifices de pierres. À travers les âges, les anciennes civilisations ont démontré une compréhension étonnante des cycles célestes, matérialisée par les alignements minutieusement planifiés de structures mégalithiques.

Lorsque nous observons les alignements de sites tels que Stonehenge, Newgrange ou les alignements solaires de Carnac, nous sommes témoins de l'ingéniosité astronomique de nos ancêtres. Ces constructions ne sont pas le fruit du hasard, mais des expressions architecturales intentionnelles, conçues, entre autres, pour capter la lumière du soleil à des moments précis, tels que le solstice d'hiver. Des mégalithes judicieusement disposés agissent comme des observatoires préhistoriques, dévoilant une connexion profonde entre les constructeurs et le cosmos.

Au-delà de l'Europe, on constate aussi la construction d'observatoires gigantesques tels que les pyramides d'Égypte ou les temples du Yucatán.  Ces édifices colossaux témoignent d'une quête universelle pour saisir les mystères du ciel et de la terre. 

Les bâtisseurs de mégalithes ont démontré une maîtrise étonnante des mathématiques et de l'astronomie, utilisant des connaissances avancées pour calibrer avec précision leurs structures. Des méthodes sophistiquées, telles que la géométrie et les calculs astronomiques, ont été employées pour assurer des alignements précis, sans parler du transport et de la taille des mégalithes, questionnant les limites technologiques présumées de l'époque. Ces prouesses techniques soulèvent des questions fascinantes sur la source de cette connaissance et sur la portée de la collaboration humaine avec les forces célestes.

bru na boinne - newgrange, knowth et dowth (irlande)

Le site de Brú na Bóinne en Irlande est composé de plusieurs dizaines (ou centaines) de structures mégalithiques dont les trois principales sont Newgrange, Knowth et Dowth que j'ai eu la chance de pouvoir visiter en septembre 2023.

Newgrange et Dowth sont alignés avec le lever du soleil au solstice d'hiver alors que Knowth serait aligné avec l'équinoxe de printemps et peut être avec la lune.

 

Datant d'environ 3200 ans avant J.C., le tumulus néolithique de Newgrange, de 85 m de diamètre - un des plus imposants d'Europe avec Stonehenge, mais de 1000 ans son aîné, révèle un phénomène remarquable qui se produit au lever du soleil du 21 décembre : un fin rayon de lumière pénètre le long couloir obscur de 19 m de long, illuminant la chambre intérieure pendant quelques instants. L'alignement précis de Newgrange avec le lever du soleil au solstice hivernal témoigne de l'habileté de ses constructeurs à saisir la subtilité des mouvements astronomiques. L'architecture est intentionnelle, puisque cet alignement a nécessité la mise en place d'une fenêtre spécifique placée au-dessus de l'entrée ainsi que la compensation de l'inclinaison du terrain.

Il y a 5200 ans, l'entrée du rayon de soleil était parfaitement synchronisé avec le lever du soleil. Aujourd'hui, ce phénomène apparaît quelques minutes plus tard à cause du léger changement d'inclinaison de l'axe de la Terre, phénomène que l'on appelle la précession des équinoxes.

La légende dit que le peuple des esprits, les Tuatha Dé Danann (enfants de la déesse Dana), aurait construit Newgrange et il y est fait référence comme étant la tombe de leur chef Dagda Mor.


cairn de gavrinis

Il existe peu d'informations officielles concernant l'alignement de cette tombe mégalithique joliment décorée datant de 4200 ans avant J.C., sur l'île de Gavrinis, dans le golfe du Morbihan. L’entrée du cairn est orientée vers le Sud-est. Certains pensent qu’au solstice d’hiver la lumière du soleil pénètre dans le couloir et éclaire la chambre funéraire. Aucune donnée scientifique n’a aujourd’hui validé cette hypothèse. Néanmoins, Geoffrey Cornelius et Paul Devereux notent, dans leur ouvrage Le langage des étoiles. Un guide illustré des mystères célestes en 1996 : « En visitant la Pierre no 1 à l'entrée du couloir depuis le côté gauche de l'entrée de la salle, on retrouve l'orientation du lever du soleil au solstice d'hiver. L'axe du couloir est toutefois orienté vers le lever de la lune, le plus austral à son maximum de déclinaison. Ces lignes solaires et lunaires se coupent à mi-chemin du couloir, au niveau de la Pierre no 7, (l'une des rares à ne pas être décorée). Jadis ce cristal de roche pouvait s'illuminer au contact des rayons du soleil ou de la lune. »

Voici également une autre description. Non seulement il s'aligne précisément sur le lever du soleil du jour le plus court, mais il intègre également la position extrême sud de la lune tous les 18,6 ans, tout aussi précisément. Un faisceau semblable à un laser parcourt le sol de la chambre et frappe le côté gauche de deux pierres qui forment le mur du fond et, à mesure que la lumière s'élargit et descend lentement, elle n'éclaire que la pierre gauche avant de toucher le sol. Alors que la pierre en haut à droite reçoit la lumière de la lune tous les 18,6 ans lorsqu'elle s'élève à son point le plus au sud.

 

Toujours dans la région de Carnac, le tumulus  de Rondossec, qui daterait d'environ 4000 av. J.-C., est constitué de 3 dolmens, dont les couloirs offrent la particularité d’être parallèles ; les pierres (orthostates) sont toutes alignées selon un axe nord-sud. Les diagonales du schéma quadrangulaire des pierres, deux côtés orientés nord-sud d'environ 25 mètres et deux côtés orientés est-ouest d'environ 35 mètres, correspondent aux axes levers et couchers du soleil aux moments des solstices.

Aussi, le quadrilatère de Crucuno (appelé aussi Cromlech et dont la forme est contestée) intègre dans ses angles les solstices d'hiver et d'été.

temple de karnak (egypte)

Dans l'immense temple mégalithique de Karnak en Égypte (2055 avant J.C.), le soleil levant du solstice d'hiver brille entre deux piliers massifs, projetant un faisceau de lumière brillant à travers le complexe pendant 25 minutes au total. Le soleil continue de percer le sanctuaire d'Amon Rê, avant d'atteindre le « Saint des Saints » au cœur du site. Le même phénomène à lieu au solstice d'été.

 

L'égyptologue Luc Gabolde propose son analyse relative à l'orientation astronomique des édifices sacrés, et précisément des temples de Karnak dans son ouvrage Les portes du ciel. "Cette conception cosmique du temple peut se concrétiser par un lien de nature astronomique entre un édifice cultuel et certaines dispositions célestes… 

Le temple de Karnak a été, lui, très volontairement aligné sur le point où se levait le soleil au solstice d'hiver. On dispose en effet, sur le site, des quatre seuils de portes en granit rose du temple de Sésostris Ier (avec leurs traces de jambages de porte), qui livrent un azimut moyen du temple du Moyen Empire à 116° 43° 7,35" ; par ailleurs, les 'salles d'Hatchepsout', qui ont prolongé vers l’ouest les édifices de Sésostris, et dont les murs nord et sud sont bien préservés, livrent une mesure moyenne d’azimut à 116° 53° 38,65". Or, les calculs astronomiques, qui tiennent compte de la modification de l’inclinaison de l’axe de la Terre, ont permis de déterminer que, sous le règne de Sésostris Ier, le soleil se levait à Karnak à l’azimut de 116° 55' 24,87". La quasi-concordance de ces trois données laisse ainsi peu de place au doute : le temple du dieu, éminemment solaire, Amon (il est parfois qualifié d’'Amon-Ré, Atoum dans Thèbes), était orienté sur le soleil levant à la date du solstice d'hiver à partir de laquelle, comme une promesse d'avenir, s'amorce le nouveau cycle de croissance des jours".

 

De nombreux autres temples s'alignent sur les solstices et les équinoxes de l'Égypte ancienne, notamment les grandes pyramides qui font office de calendrier ou, plus récemment, le temple de Qasr Qarun, construit à l'époque gréco-romaine (323-31 avant JC), qui était dédié au culte du dieu Sobek et Dionysos, le dieu du vin et de l'amour pour les Romains. 

moai Ahu Huri (île de paques)

Ahu Huri a Urenga est une plate-forme de 13 mètres de long sur 4 mètres de large, avec un seul Moaï qui a la particularité de présenter deux paires de mains. Les Moaï sont de grandes statues de pierre qui auraient été sculptées aux XIIIe et XVe siècles, donc très récemment, comparé à d'autres mégalithes. Pour autant, leur mystère reste entier.

À l’entrée du site, il y a un puits d’eau et quelques perforations en pierre qui ont servi à accumuler de l’eau de pluie. Le plus remarquable de cet endroit, ce sont les perforations qui ont servi à refléter les étoiles et qui prédisent les cycles et les saisons, ce qui a contribué au grand héritage archéologique-astronomique des anciens de Rapa Nui.

Une autre particularité de l’Ahu Huri à Urenga est que la plate-forme et le moai regardent exactement où le soleil se lève pendant le solstice d’hiver austral (21 juin).

 

D'autres alignements

D'autres monuments sont connus pour leur alignement solaire ou leur fonction de calendrier, marquant l'ensemble des événements majeurs (solstices et équinoxes)  :

  • Karahan Tepe (Turquie), 9400 avant J.C., le site jumeau de Göbekli Tepe, est le plus ancien alignement connu du solstice d’hiver enregistré sur Terre
  • Stonehenge (Royaume Uni), bien sûr, avec le lever du soleil au solstice d'été, mais qui marque aussi le solstice d'hiver.
  • Les Temples Mnajdra et Hagar Qim (Malte), 3600 - 3400 avant J.C.
  • Plus près de chez nous, la Roche aux fées, le plus grand dolmen de France, a un alignement avec le solstice d'hiver

De nombreux monuments mégalithiques seraient alignés avec les solstices ou équinoxes, mais faute d'observation scientifique, ces hypothèses sont souvent difficiles à confirmer et surtout difficile à documenter car non étudiées. Vous pouvez trouver ici une liste non-officielle des monuments qui auraient un alignement. 


Géobiologie, astro-géométrie et spiritualité

L'étude des lieux mégalithiques ouvre à bien d'autres domaines : la géobiologie, l'astro-géométrie, la spiritualité...

 

Mes études de géobiologie sacrée sur de petits sites avec dolmens, menhirs, alignements et/ou allées couvertes montrent une connaissance pointue des phénomènes géobiologiques présents sur le terrain, notamment l'utilisation et la démultiplication de lignes de réseaux (tellurisme opératif) et de courants telluriques. Des sites tels que Carnac ou Newgrange sont particulièrement complexes et demanderaient une étude approfondie. Il serait probablement très intéressant de recouper ses informations avec les alignements solaires.

 

Un autre champ d'investigation, décriée par l'archéologie, car sans doute plus proche de la numérologie, semble être l'astro-géométrie. Introduit par Felix Gaillard  dans son ouvrage Astronomie préhistorique, publié en 1897, reprise par Howard Crowhurst puis Quentin Leplat, celle-ci met l'accent sur les propriétés géométriques des constructions des sites sacrés. Jugée d'incohérente ou d'anachronique par les archéologues actuels, elle met en évidence une série de figures géométriques et d'angles corrélés avec l'astronomie que l'on retrouve trop fréquemment pour être du hasard. Il faudra néanmoins garder son discernement et ne pas vouloir voir des figures géométriques partout comme c'est le cas avec la spirale de Fibonacci qui est utilisée bien plus souvent qu'elle n'est véritablement mathématiquement présente.

 

Enfin, les sites mégalithiques, au-delà de leurs alignements astronomiques précis, revêtent une profonde signification spirituelle. Érigés avec une sensibilité sacrée, ces monuments ancestraux incarnent la connexion entre l'humanité et les mystères cosmiques. Le solstice d'hiver, point de transition entre l'obscurité et la lumière, symbolise le renouveau et la régénération. Les civilisations anciennes, captivées par cette renaissance solaire, ont élevé ces mégalithes en témoins durables de leur compréhension profonde des cycles naturels, devenant ainsi des symboles sacrés du renouveau perpétuel de la vie. Ces sites deviennent des scènes de rituels solsticiaux, où les communautés se rassemblaient pour célébrer l'alignement cosmique. Ces cérémonies, riches en symbolisme, reconnaissent rituellement le solstice d'hiver comme un moment sacré, transmis à travers des danses, chants mystiques et gestes empreints de la compréhension que ce moment transcende l'aspect astronomique pour ouvrir la voie vers le sacré. La signification spirituelle des sites mégalithiques réside dans l'effort humain pour tisser des liens avec le céleste, faisant de ces monuments des médiateurs entre le terrestre et le divin. En contemplant les alignements solsticiaux, les observateurs sont invités à participer à un dialogue intemporel entre le ciel et la terre, entre le fini et l'infini.

 

 

Il y a fort à parier que le mystère autour des sites mégalithiques ne pourra être levée qu'en associant plusieurs disciplines, en essayant d'avoir un point de vue holistique sur ces constructions complexes, ce qui est loin d'être le cas avec l'archéologie actuelle.

pour aller plus loin

Pour les personnes qui souhaiteraient en savoir plus, voici une vidéo qui explique très bien les phénomènes astrologiques liés aux solstices, équinoxe et la précession et qui permet de mesurer le degré de précision nécessaire pour créer un alignement mégalithique solaire.

Une autre vidéo vous explique plus en détail ce qu'est l'astro-géométrie.



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ÉCRIT PAR :

AURIGAE - Claire Le Baron

 

Formatrice, conférencière et auteur, j'ai changé de carrière en 2015 pour devenir thérapeute énergétique à plein temps.  A l'origine ingénieur de recherche spécialisée dans la modélisation des ondes et le vibratoire, je fais à présent des ponts entre les sciences et ma compréhension de l'énergétique.

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Commentaires: 1
  • #1

    Gontrand (vendredi, 22 décembre 2023 11:02)

    C'est absolument passionnant et sérieux. MERCI.