Suffit-il d'éliminer l'ombre pour être dans la lumière ?

Récemment, j’ai donné à mes stagiaires avancés ce sujet en 2000 mots pour la préparation du stage « Dégagements spécifiques » pendant lequel on aborde les sujets les plus difficiles liés à l'ombre, dernier module de la formation sur les Énergies de l’individu. J’ai donc trouvé juste d’y réfléchir en même temps qu’eux. Pour comparaison, cet article fait environ 3000 mots. Et oui cela ressemble un peu à un sujet de philo du bac…

Ce sujet pose dans un premier temps la question de l’ombre et de la lumière, de leur définition et de leur interaction.

En énergétique, la lumière est souvent confondue avec la source ou le bien, et l’ombre est associé au mal. Si l’on considère la source comme origine de toute création et contenant à la fois tout et son contraire, dans une unité parfaite, alors la source contient donc, à la fois, la lumière et l’ombre (pour plus de réflexions autour de la Source, vous pouvez consulter le billet de blog "Qu'est ce que la Source ?").

Le bien et le mal recouvrent généralement une valeur morale et subjective, le bien étant l’ensemble des valeurs positives fondamentales, prônées par une société donnée, comme utiles à l'harmonieux développement, au progrès moral des individus, de la communauté ; et le mal, son contraire, tout ce qui fait souffrir, physiquement ou moralement. (définitions du Trésor de la Langue Française Informatisé). Il en découle généralement la notion de justice humaine.

Yuval Harari, dans Sapiens, site, par exemple, le code d'Hammurabi, autour de 1776 avant notre ère à Babylone, un recueil de lois et décisions de justice. " Le texte commence par dire que les dieux Anum, Enlil et Marduk chargèrent Hammurabi de proclamer le droit dans le Pays, pour éliminer le mauvais et le pervers, pour que le fort n'opprime pas le faible. Suivent près de trois cents jugements." Voici par exemple les jugements 196-199, 209-210 :

En revenant à la notion de conscience, tout ce qui est dans la lumière a une conscience accrue de tout, y compris de l'autre et œuvre donc pour le bien commun, qui dépasse l'individu. Ce qui est dans l'ombre a une conscience limitée et œuvre pour son propre bien d'abord, sans considération de l'autre. Attention néanmoins à ne pas confondre avec le rôle de sauveur du triangle de Karpman, qui sous couvert de vouloir le bonheur de l'autre, lui vole son énergie pour alimenter son besoin de reconnaissance (et donc œuvre pour son propre bien, inconsciemment).

Une autre façon de considérer l'ombre et la lumière est de les envisager avec un regard proche de la dynamique des fluides, et donc sans aucun jugement moral de bien ou de mal. Ce qui est dans l’ombre provoque un flux d’énergie sortant de nous (appelé polarité négative) alors que ce qui est dans la lumière crée un flux vers l’intérieur de nous (polarité positive). Ainsi, l'ombre a besoin de notre énergie pour vivre alors que la lumière nous en apporte.

Le sujet tel qu'il est défini laisse sous-entendre qu'il est nécessaire d'éliminer l'ombre pour être dans la lumière. La question est de savoir s'il est possible de s'en contenter, sans qu'il soit besoin d'autre chose.

Éliminer, c'est débarrasser, faire disparaître, supprimer quelque chose. Si un objet est entre nous et le soleil, il est tout à fait possible d'enlever l'objet ! ou de se déplacer... Dans de nombreux cas, et en particulier pour les structures involutives, il est effectivement nécessaire de les éliminer. En effet, l'ombre pose régulièrement des systèmes (implants, casques, réseaux...), sans notre consentement, qui nous limitent dans notre conscience et dans nos capacités. Ces structures ne sont pas conformes au vivant et n'ont rien à faire dans nos structures personnelles. Il en va de même pour les entités accrochées ou à l'intérieur de nous : entités non-humaines, âmes errantes, possessions...  

Il arrive bien souvent que l'ombre nous dérange, nous fasse souffrir, et que l'on ait l'envie de s'en débarrasser en le pensant comme extérieur à soi. Mais ce qui nous fait souffrir veut-il toujours notre perte ? Le mal est-il toujours synonyme d’involution ? En envisageant une sorte d'effet miroir, on peut considérer que l'ombre nous offre une occasion d'évoluer en transmutant nos propres parts d'ombre, i.e. transformer l'énergie en changeant sa nature (polarité, gunas...), si l'on accepte de reprendre notre pouvoir personnel. Lorsque le soleil fait apparaître notre propre ombre, la seule façon de la modifier est de changer soi ! ou de ne plus être au soleil et rester dans l'illusion que nous n'avons pas d'ombre...

Pour Ashayana Deane, en énergétique multidimensionnelle, le corps miasmique, ou champ Sho-na, correspond à un groupement de cristaux dans le champ morphogénétique, souvent appelé empreinte karmique (karma au sens samskara : vies antérieures,  transgénérationnel et parts de soi). Son contenu se projette holographiquement dans le corps, l'esprit et l'expérience de vie, créant notre réalité, selon les lois inhérentes à la manifestation multi-dimensionnelle. Les miasmes sont des désorganisations énergétiques chaotiques et incohérentes, des torsions de l'énergie qui a été inversée, qui créent la séparation et la polarisation au lieu de permettre à l'énergie de circuler harmonieusement. Et ces miasmes doivent être transmutés pour permettre l'évolution (et même l'ascension chez Deane). 

Travailler sur ses vies antérieures, ses lignées, afin de mettre en lumière ses schémas de comportement, est donc bien un travail de transmutation de ses parts d'ombre. De même, l'influence d'un avatar noir dans sa lignée multidimensionnelle ne peut pas se résoudre sans considérer qu'il est aussi une part de soi. Or, on ne peut se séparer d'une part de soi, on ne peut qu'essayer de changer sa nature. C'est la transformation de Gandalf le Gris et Gandalf le Blanc !

Certaines entités peuvent également être transmutées en passant par des portails spécifiques de rédemption puis de solarisation, dans un processus alchimique de transformation et d'enseignement. Mais généralement, elles se défendent avant ; l'amour, la bienveillance et la bonne volonté ne sont pas toujours suffisant.

Dans la conception standard des énergies, l’ombre et la lumière s’opposent, dans une lutte de pouvoir sans fin. L’ombre nous empêcherait d’évoluer et de retrouver notre plein potentiel, notre identité divine, lumineuse. Elle nous retiendrait en esclavage afin que nous lui servions de source d'énergie.

Historiquement, il s'agirait là d'un héritage des religions dualistes, notamment le zoroastrisme, apparut entre 1500 et 1000 ans avant notre ère. Les dualistes considèrent en effet l'existence de deux forces opposées, l'une bonne, l'autre mauvaise, toutes deux indépendantes, contrairement aux religions monothéistes qui considèrent que tout relève de Dieu. Et pourtant, même dans le christianisme, on retrouve des traces de ce dualisme : le fameux Diable, Satan, Lucifer et l'Enfer, avec souvent des confusions entre ces différentes entités. Énergétiquement, la séparation entre deux polarités semble bien plus ancienne.

Dans cette conception manichéenne de combat, le guerrier de lumière à toute sa place. Noble tel un chevalier, son rôle est de protéger la lumière de l’ombre, d’éliminer l’ombre à tout prix de manière à ce que la lumière gagne. Cause louable, à première vue, me direz-vous, mais intimement liée à la notion de bien et de mal terrestre. D'ailleurs, la lumière a-t-elle vraiment besoin d’être protégée ? Qui sommes-nous pour déterminer ce qu’est la lumière ou l’ombre ? Qui sommes-nous pour décider que l’ombre n’a pas le droit de vivre alors que tout est une création de la Source ? Notre fameux Guerrier de Lumière a-t-il une posture conforme à la Source ? 

Parfois, certains billets de blog proposent des lois de l'Univers, dont la loi d'attraction ou la loi de cause à effet. La façon dont ces lois sont exprimées est, la plupart du temps, très terrestre, peut être pour en faciliter la compréhension, mais cela implique une perte de justesse. Je vous en propose trois, qui me semblent pertinentes dans le rapport à l'ombre. Il va de soi que la Lumière respecte ces règles.

La loi du respect de la Vie

Toute forme de vie, visible ou non-visible, est une manifestation de la Source. À ce titre, nous devons la respecter et l'honorer. Les autres lois découlent souvent de ce principe fondamental. L'ombre, ayant décidé de créer la vie sans la Source, viole ce principe.

La loi d'Équilibre

C'est la loi du karma, souvent appelée loi de cause à effet lorsqu'elle s'inscrit dans un temps linéaire. Une action, une pensée est une information. Si celle-ci viole une autre loi de l'Univers, notamment le respect de la Vie, cela crée un déséquilibre qu'il faut réparer. Une violation d'une loi universelle crée de l'ombre. Le souci, c'est que nous avons oublié le mode d'emploi...

La loi de respect du Territoire

Elle découle du respect de la Vie. Il n'est pas juste d'envahir le territoire de l'autre sans son consentement. Le territoire fait ici référence non seulement à la géographie, au terrain, mais surtout à tous les corps énergétiques. C'est ce qui justifie que l'on ne fait jamais d'énergétique sur quelqu'un sans sa demande explicite ou que la "lumière" n'attaque jamais l'ombre en premier. Les abductions (enlèvement de certains corps énergétiques par des races extra-terrestres pour des expériences), sans consentement, sont des actions de l'ombre tout comme une intervention sur quelqu'un qui n'a rien demandé, et cela, même si "c'est pour son bien".

Ashayana Deane propose douze attitudes et douze responsabilités à incarner si l'on souhaite reprogrammer notre façon de penser pour expanser notre conscience. Elles feront sans doute un jour l'objet d'un billet de blog, mais je souhaitais en partager certaines dès à présent, en lien avec la posture du thérapeute qui aborde l'ombre. 

1. Sa propre remise en cause

Être libre du jeu victime-bourreau-sauveur et avoir la volonté d'être responsable pour toutes les manifestations perceptibles, en tant que projection direct de l'hologramme personnel.

2. Sa propre souveraineté

Être libre du besoin d'approbation ou du besoin de se rebeller contre toute forme d'autorité externe, par la compréhension que vous, en tant que manifestation de la Source, avez la capacité de créer votre liberté personnelle sans violer les règles spirituelles et sans permettre aux autres de violer vos droits spirituels d'être humain.

3. Sa propre maîtrise

Assumer et réaliser à chaque instant qu'il est de votre responsabilité d'orienter vos énergies personnelles. Il n'y a rien et personne qui vous contrarie et donc rien qui ne valide un abus spirituel de votre part, par une réaction, une idée, une intention ou une action. L'individu qui se maîtrise reconnaît que, à chaque instant, la liberté de l'interprétation existe. Une expérience "négative", ses énergies dysharmonieuses et des sentiments de perturbation ne peuvent être qu'une interprétation personnelle des événements.

4. Autodiscipline

Accepter la responsabilité de diriger ses énergies personnelles vers, plutôt qu'en opposition, aux résultats que vous désirez expérimenter. Une partie de la maîtrise spirituelle implique notre apprentissage à s'appliquer à observer consciemment nos propres émotions et réactions du corps. Ainsi, nous pourrons rediriger en conscience les énergies subconscientes qui fonctionnent en "pilote automatique". L'autodiscipline émerge quand nous nous rappelons systématiquement d'utiliser une pensée, une action ou une attitude spirituellement juste, même si nous ne nous sentons pas ainsi, quand notre propre ombre s'approche sans bruit. Les parties sombres du Soi remontent à la surface et ainsi nous pouvons les voir revenir à la conscience pour leur guérison.

6. Intégrité spirituelle

Il est de votre responsabilité absolue de choisir d'agir avec une intégrité spirituelle à chaque instant. Il n'y a pas d'excuse de violer en connaissance de cause les droits spirituels des autres sans tenir compte de comment ils pourraient réagir vis-à-vis de vous. L'intégrité spirituelle requiert d'être attentif à ce que nous faisons réellement par nos modes de vie. Est-ce que nos choix de mots ou d'action montrent le respect pour les autres personnes et les autres formes de vie ?

8. Patience

La Source a ses propres horaires. Nous pouvons soit reconnaître la réalité intrinsèque de la manifestation et choisir de travailler en co-création avec la Source en étant confiant ou vous pouvez laisser l'ego tenter d'imposer sa volonté vis-à-vis de la nature intrinsèque du temps. Si le temps ne coopère pas avec vos attentes, vous pouvez faire confiance au moment juste, ou vous pouvez vous irriter progressivement avec un attachement au temps artificiel des horloges et choisir de croire que vous ne pouvez pas avoir ce que vous désirez uniquement parce que cela n'apparaît pas quand vous le demandez.

11. Coopération-Diplomatie

L'existence est, et sera toujours, une tentative de co-création. Nous devons souhaiter de permettre aux autres êtres la réalisation de leurs besoins et désirs si nous espérons avoir les nôtres réalisés. Créer des situations gagnant-gagnant et créer avec l'intention de donner véritablement sont les manières naturelles d'Être. Nous pouvons ne pas toujours être d'accord avec les créations souhaitées par les autres, mais nous avons tous le droit d'avoir notre point de vue. La diplomatie peut être un pont entre des forces en opposition au travers duquel des actions ou des décisions efficaces peuvent être obtenues pour soutenir mutuellement chaque perspective. Quand nous apprenons à être en accord et en désaccord avec respect, alors l'art spirituel de la co-création coopérative peut évoluer progressivement vers des niveaux plus élevés d'expression.

Je vous laisse méditer sur ces quelques notions en espérant que cela aide votre posture vis-à-vis de la Vie à évoluer.

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